(Statement in French)
Intervention de M. Nuno Mathias, Représentant Permanent Adjoint du Portugal auprès des Nations Unies
“Le rôle des États, des accords régionaux et de l'Organisation des Nations Unies dans la prévention et la résolution des conflits”
Conseil de Sécurité, 6 décembre 2018
Monsieur le Président,
Permettez-moi de tout d’abord de vous féliciter d’avoir convoqué ce Débat public.
Le Portugal souscrit l’intervention que l’Union européenne présentera et souhaite faire quelques remarques complémentaires.
La prévention des conflits est un principe structurant des Nations Unies, consacré à l'Article 1er de la Charte, qui est chère à mon pays envers la promotion d'une paix durable.
Nous soutenons le processus de réforme du système des Nations Unies, initié par le Secrétaire général et, en particulier, l'importance accordée à la prévention des conflits, à la primauté du politique et au recours à la diplomatie en tant que moyens privilégiés pour parvenir à une paix durable.
La mise en œuvre de ces réformes à compter du 1er janvier 2019 marquera une nouvelle étape dans la réaffirmation de notre engagement collectif envers le rôle central de l'ONU dans la prévention des conflits. Ces réformes, dans leurs trois volets, reconnaissent l’importance d’une coopération accrue entre l’ONU et les organisations régionales sur la base d’un partenariat élargi et intégré pour le soutien de la paix.
Il faut aller au-delà du binôme ‘maintien de la paix/imposition de la paix’ et inclure les actions d'alerte précoce, de médiation, de coordination des messages politiques et de communication stratégique afin de prévenir l'éclosion et l'aggravation des conflits.
Monsieur le Président,
Pour ce qui est de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies, les États et les organisations régionales et sous-régionales en matière de prévention, gestion et résolution des conflits, nous préconisons une approche globale et, simultanément, une étroite coopération avec les partenaires locaux, régionaux et internationaux, renforçant ainsi l’appropriation régionale et locale.
Nous percevons le rôle des organisations régionales en tant que "premiers intervenants" dans les crises internationales, utilisant leurs ressources et mobilisant les bons offices pour réduire les tensions et parfois même s'attaquer aux racines profondes des conflits, parmi lesquelles le profond sous-développement.
En effet, nous soutenons le renforcement de la coopération entre l'ONU et l'Union Africaine dans le cadre d'opérations de maintien de la paix, ainsi que l'action complémentaire de l'Union Européenne, y compris par le biais de la coopération trilatérale et des stratégies régionales.
Pour illustrer cette coopération multiforme entre l’ONU et les organisations régionales, et depuis la création de l'Unité d'appui à la médiation au Département des affaires politiques (DPA) en 2006, plusieurs organisations telles que l'UE, l'UA, l'OSCE, l'OEA et l'OIC ont reproduit des exemples similaires, renforçant ainsi le rôle de leadership de l’ONU dans ce domaine. L'action entreprise par les groupes d'amis de la médiation, tant au sein de l'ONU, de l'UE, de l'UA et de l'OSCE, en est un exemple.
D’autre part, il convient de rappeler que les organisations régionales sont aussi des plates-formes de dialogue et de coopération utiles pour promouvoir la gouvernance mondiale.
A cet égard, la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) rassemble des pays très divers de quatre continents différents. Ils partagent deux choses: une langue et des valeurs communes. Tel est l’atout de la Communauté des pays de langue portugaise: apporter une valeur ajoutée, dans le cadre d’une plus ample coopération international, en tant qu’intermédiaire à part entière.
Monsieur le Président,
Afin de mieux adapter les mandats du Conseil, notamment dans les environnements les plus exposés, il s’avère chaque fois plus indispensable d’envisager un nouveau cadre d’opérations, dans des cas qui exigent un niveau élevé de mobilité et de rapidité de réponse, notamment pour faire face à la situation des civils non protégés ou dissuader d’éventuels attaques.
La « Force de réaction rapide », au sein de la MINUSCA en République Centre Africaine, où le Portugal à, en ce moment, son plus grand contingent (160 militaires et 1 élément de police), constitue un exemple concret de cette plus grande efficacité qui est exigé des mandats du Conseil.
Monsieur le Président,
Pour conclure, et en ce qui concerne la performance des opérations de paix, de toute évidence, il est indispensable de garantir le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire.
Ceci étant, nous estimons qu’il faut également promouvoir un plus grand équilibre entre les genres dans les composantes militaires, policières et civiles des opérations de maintien de la paix. Non seulement en vue d'une expression plus juste, mais aussi dans le but d’améliorer la capacité des missions, auprès de tous les segments de la population.
Dans ce contexte, il est aussi chaque fois plus important d'intégrer, dans notre action collective, la contribution des jeunes à la prévention et au règlement des conflits.
Je vous remercie.